Qu’y a-t-il de plus exaspérant pour un parent qu’un enfant qui crie souvent, lance des objets ou claque les portes? En plus d’être épuisant physiquement, nous finissons par être vidés moralement et émotionnellement au point où nous aurions envie de crier à notre tour. Si seulement ça fonctionnait à long terme, ça serait super! Bien que crier peut être soulageant, on réalise assez vite que cette réaction entraîne davantage de conséquences négatives que de conséquences positives. En réagissant intensément soi-même face aux débordements de colère d'un enfant :
Que devons-nous faire alors? L’enfermer? Lui scotcher la bouche? Le punir? Le laisser tout démolir? Ce sont effectivement des options qui m’ont fait rêver l’espace d’un instant, mais, disons-le, elles ne sont pas nécessairement les plus efficaces et les plus adéquates. Je vous entends d’ici : “Bon, bah alors, on fait quoi?” Pourquoi les enfants réagissent-ils ainsi? Rappelez-vous lorsque votre enfant développait ses capacités langagières. Sa prononciation n’a pas été franche au premier mot. Il a babillé quelques syllabes en omettant parfois les “r” ou les “j”. Vous avez fini par décoder la plupart de ce qu’il voulait exprimer. Et un jour, il est arrivé ce moment où il a voulu vous dire un truc important pour lui mais dont il ne connaissait pas le mot. Il a bien voulu pointé l’objet, vous l’avez accompagné en nommant tout ce que vous voyiez mais rien n’y fut. Désemparé, il a explosé de désarroi pleurant toutes les larmes de son corps. Vous vous êtes alors approché de lui et vous lui avez tendu les bras. Il s’y est blotti et apaisé. Il a repris ses esprits pour tenter à nouveau de vous exprimer son désir. Avec patience, vous avez repris l’exploration pour lui fournir les mots manquants. Petit à petit, il a appris à les prononcer et les intégrer. Les crises à ce sujet ont alors disparues au fur et à mesure qu’il développait son langage. Que s’est-il passé? L’enfant, à court de mots pour s’exprimer ses désirs et les objets du monde concret, a vu la frustration s’emparer de lui et il y a réagit de manière instinctive. Puisque votre bout de chou est en cours d’apprentissage de la langue et des mots, il ne vous est pas venu à l’esprit de vous mettre en colère et de le punir, l’ignorer, le blâmer ou le menacer pour cette réaction. Avec amour et compassion, vous lui avez plutôt ouvert les bras pour l’accueillir, l’apaiser et lui enseigner les mots. Il en va de même pour les émotions de son monde intérieur. Faute de mots pour exprimer ses sensations, ses émotions, comprendre lui-même ses besoins, ses désirs et ses frustrations, la frustration le gagne et il réagit de manière instinctive. Contrairement à l’étape d’apprentissage langagière, dans cette période d’apprentissage, nous avons tendance à nous mettre nous-même en colère, réagir, punir, ignorer, blâmer ou menacer notre enfant! Nous oublions qu’il n’a pas de mots pour décrire ses émotions ni ses sensations… Faisons un petit test ensemble… Prenez papier, crayon et programmez votre minuterie pour 3 minutes. Sur la feuille, inscrivez 10 émotions désagréables. C’est parti! Alors? Vous en avez combien? Les mots d’émotions vous viennent facilement? On poursuit… Top chrono pour 5 minutes. À côté de chacune des émotions inscrites sur votre feuille, indiquez 3 sensations internes liées à cette émotion. C’est parti! Et puis? Pas si simple que ça, n’est-ce pas? Malgré que vous étiez calme, que la colère ou l’anxiété de vous habitait pas, il vous a probablement été difficile de trouver 10 mots d’émotions et 30 sensations. Imaginez un instant la tâche titanesque que vous exigez de votre enfant quand vous lui dites : “On ne frappe pas, on le dit avec des mots!” Mais quels mots? Est-ce que, ce qu’il possède comme vocabulaire, exprime réellement ce qu’il ressent, ce qu’il vit? Est-il seulement suffisamment mature pour comprendre le lien entre ce qui se passe et ce qu’il ressent? Peut-il vraiment se comprendre lui-même dans ses émotions? Il faut savoir que les réactions d’un enfant à la colère sont un symptôme et non pas un problème. Si l’enfant réagit ainsi, c’est qu’à l’intérieur de lui, il souffre. Son cerveau immature l’informe que quelque chose ne va pas comme il voudrait. Évidemment, que son petit frère ait déchiré son plus récent gribouillage n’est pas la fin du monde pour vous (si seulement il savait où aboutissent tous ses dessins...), mais, dans sa conception à lui, de son point de vue à lui, c’est la fin du monde. Tout à coup, il disjoncte faute d’avoir de mots pour exprimer “sa fin du monde”. Comment l’aider? Bien sûr, vous voulez l’aider à changer sa vision apocalyptique de la vie, mais lorsqu’il est disjoncté, c’est littéralement, bio-psycho-mécaniquement im-pos-sible. Alors, que faire? L’accompagner, le guider pour qu’il puisse canaliser cette émotion. Lui permettre de décharger la tension interne de façon adéquate. Évidemment, nous ne le laisserons pas frapper les gens, casser des portes ou lancer des objets. Ce qui importe c’est que la colère qui l’habite trouve une voie de sortie. Une fois la colère évacuée, la tension déchargée, le cerveau se reconnecte et l’enfant a, à nouveau, accès à son néocortex, sa raison. C’est seulement à cette étape que vous pourrez lui apprendre à mettre des mots, à identifier les sensations, à trouver, avec lui, des stratégies pour éviter qu’il se laisse envahir par la colère. Voici 10 stratégies efficaces pour décharger la tension de la colère.
Ces stratégies ont été éprouvées par des centaines et des centaines de parents. Certaines fonctionnent mieux que d’autres selon l’enfant. N’hésitez pas à en discuter avec le vôtre. Invitez-le à en choisir 1 ou 2 qu’il a envie d’expérimenter la prochaine fois. Une maman de ma communauté me racontait qu’elle avait confectionné une boîte à cris. Celle-ci s’était avérée fort utile pour toute la famille! Lorsque les enfants devenaient plus énervés, elle sortait la boîte à cris et leur permettait de crier dedans en s’assurant de refermer rapidement le couvercle pour éviter que ces cris n’envahissent toute la maison. Aussi, elle s’en servait pour elle-même lorsque, par exemple, elle sentait que la colère ou l’irritation la gagnait. Au lieu de crier sur les enfants, elle sortait la boîte à cris et l’utilisait à pleins poumons. Au début, ses enfants étaient surpris, mais elle le fut plus qu’eux lorsque, quelques jours plus tard, l’un d’eux vint à elle pour lui demander la boîte à cris afin qu’il puisse soulager sa colère! À l’occasion, lorsque la boîte est « pleine », la famille s’empresse d’ouvrir la porte, soulever le couvercle et libère les cris à l’extérieur afin qu’ils ne reviennent plus dans leur maison. Ce petit outil accompagné du rituel de libération des cris a été très bénéfique pour eux. Il y a plus de calme dans la maison et les enfants sont dorénavant plus habiles à reconnaître la colère qui monte en eux et à l’exprimer avant d’exploser en cris. Ça prend un village pour élever un enfant, alors partagez-nous vos expériences avec ces stratégies et rejoingnez-nous sur le groupe Facebook Parents à bout de souffle . Je suis impatiente de lire vos récits en commentaire. Avec bienveillance, Karine
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AuteureJe suis Karine Trudel et je suis coach parentale, conférencière et enseignante en développement de l'intelligence émotionnelle. |