Je vous partage ici une conversation que j'ai eu avec mon fils au sujet de la mort. Il m'apparaissait important dans cette discussion de l'amener à faire la distinction entre les croyances et le savoir et surtout, de demeurer humble face à l'inconnu. Voici donc, pour vous inspirer. Par un soir de printemps, mon fils de 6 ans m’appelle en pleurs. J’accours dans sa chambre craignant le pire. J’avais rarement entendu une telle détresse dans sa voix.- Maman, tu es la seule qui puisse m’aider. J’ai peur! Je me sens mal en dedans. J’ai mal mais pas comme si j’avais mal au cœur ou au ventre. Ça me fait mal par au-dedans. C’es dur à expliquer. - Respire doucement mon grand. On va essayer de comprendre ce qui se passe mais avant, on va tenter de se calmer pour mieux se parler. D’accord? Respire. Après un moment… -C’est bien, respire doucement et dis-moi, tu as peur de quoi? -J’ai peur de la mort. -Oh! Je vois. Tu as peur que papa ou maman ou ton frère décède et que tu ne puisses plus le voir, le serrer dans tes bras? -Non. Ce n’est pas ça. J’ai peur de mourir. Je veux pas arrêter de jouer, de toucher, de courir. Je veux faire toujours du karaté et du soccer. Je veux pas mourir et que mon coeur arrête, que je ne puisse plus penser et rire. J’ai peur qu’après, il n’y ait plus rien. -Ah!? Tu crois qu’après la mort, tout est fini. C’est noir et il n’y a plus rien? -Oui, c’est ça. -Qui t’a dit ça? -Personne. Moi. -D’accord. Dis-moi mon ange, est-ce que tu connais la différence entre croire et savoir? -Euh? Non, je ne sais pas. -Combien font 2+2 ? -4. -Est-ce que tu crois que ça fait 4 ou bien est-ce que tu le sais? -Je le sais. -Ah bon? Et comment tu le sais? -Parce que je l’ai appris. -Apprendre? Si je t’apprends que tu es né au Mexique, est-ce que tu vas me croire? -Franchement! Non, je sais que je suis né ici. J’ai vu des photos! -Tu veux dire que tu as une preuve? Tu peux le démontrer. Comme pour 2+2. On peut prendre 2 doigts et ajouter 2 doigts et si on les compte, on va prouver que ça fait 4. On est d’accord? -Oui. -Est-ce que toi, tu connais quelqu’un qui soit mort et qui est revenu pour te dire comment ça se passe de l’autre côté? -Ben non! Quand on est mort, on est mort. Si on revient, c’est qu’on est pas mort! -Tu es bien le fils de ton père toi! Perspicace à souhait. Donc, si nous revenons à ta peur, tu me disais avoir peur qu’après la mort, il n’y ait plus rien. C’est ça? -Oui. -Est-ce qu’on peut réellement, concrètement et assurément SAVOIR s’il y a quelque chose ou non après la mort? -Non, on peut pas le savoir. -Donc, on ne peut que se fier à nos croyances. On ne peut pas savoir mais on peut croire. On est d’accord? Y a rien de sûr et certain. Hein? -Oui. -Génial. Alors, lorsque tu CROIS qu’il n’y a plus rien après la vie, est-ce que ça te permet de te sentir bien ou de te sentir mal? -Je me sens mal. -Mais, on ne sait pas si ce à quoi tu crois est juste ou non. -Non. -Alors, pourquoi ne pas croire à quelque chose qui tu fait du bien? -Comme quoi? -Tu sais, si tu parlais avec papa, il te dirait que lui, il croit qu’après la vie, c’est fini. Plus rien. On s’éteint. On ferme le yeux et c’est tout. -Il doit avoir de la peine. -Tu devrais lui demander à lui. Par contre, moi, lorsque je pense à la mort de cette façon, je me fais beaucoup de peine. Je n’aime pas penser qu’après il n’y a plus rien. Cette idée m’angoisse et me fait peur. Moi, je crois à quelque chose de différent. -C’est quoi? -Je crois que nous avons tous une petite âme en nous. Une petite goutte d’énergie issue d’un grand océan d’âme qui est venu dans mon corps pour apprendre des choses et quand mon corps meurt, cette petite goutte va rejoindre l’océan d’âme pour partager ce qu’elle a appris. Il laissa échapper un long “Hein!”. Je sentis tout à coup son corps se détendre. Il me regarda avec un sourire apaisé et me lança: “Maman, moi, je crois que mon âme est toute bleue. Comme un fantôme de moi.” -C’est un peu ça que je crois aussi.. -Et après, quand on est dans l’océan des âmes, on peut jouer avec les autres âmes? -C’est une façon de voir. On peut dire que oui. Après un soupir et de longues minutes de silence et de réflexion. Il me lance, excité : “Nos âmes font du surf!” Je lui répond par un sourire avant de reprendre. -Dis-moi, est-ce que tu préfères croire qu’après la vie, ton âme fait du surf sur l’océan des âmes ou bien tu préfères croire qu’il n’y a plus rien. Fini? -J’aime penser que mon âme va jouer avec les autres âmes. -Et comment te sens-tu en ce moment? -Bien. Je n’ai plus peur. -Rêve à ton âme qui surf mon loulou! Bonne nuit! -Bonne nuit maman. Je t’aime. -Moi aussi. Ce soir-là, j’ai bien compris à quel point il était important de pouvoir discuter franchement et honnêtement avec nos enfants. Avoir peur des mots, peur des sujets qu’ils abordent creuse inévitablement un fossé entre eux et nous. Il est bon d’être prêt à ce genre de discussion mais y sommes-nous réellement préparés? Pouvons-nous vraiment l’être? Je ne crois pas. Toutefois, je crois que, comme parent, nous avons la responsabilité de favoriser le plus possible les discussions sur différents sujets plus intimes, sensibles et délicats. Et vous? Quels sont les sujets de discussions pour lesquels vous avez du mal à trouver les mots?
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Je ne sais pas pour vous, mais ici, on dirait que lorsque mes garçons passent beaucoup de temps ensemble, la tension s’installe et la susceptibilité est au rendez-vous. Un regard, un ton de voix, un mouvement, un soupir, un sourire, tout peut devenir l’occasion pour l’un ou l’autre d’exploser et faire la gueule. Insidieusement, j’en suis venue à accepter une mission catastrophe pour essayer de maintenir un peu d'équilibre et d'harmonie entre eux et autour d'eux. Peut-être que, comme moi, sans vous en rendre compte, vous ayez accepté la mission qui consiste à faire en sorte que tout reste calme en recadrant les perceptions de l’un, raisonnant l’autre, consolant le premier, reformulant ce qui vient d’être mal interprété. Pour ma part, l’ampleur des efforts à déployer, l’énergie investie pour essayer de maintenir un semblant d’harmonie tout en évitant d’en rajouter ou de péter un plomb faisant en sorte que je finissais par me coucher complètement exténuée. À un moment, je n’en pouvais tout simplement plus! Il était hors de question que je passe une semaine au chalet avec les deux pour vivre de telles tensions. J’appréhendais encore plus notre semaine de “roadtrip” confinée dans une voiture sans pouvoir m’en extirper et être obligée de subir les frasques de l’un ou l’autre. Que faire pour renverser la vapeur? Comment m’y prendre alors que, moi-même, j’étais au bord de la crise de nerfs? Il me fallait trouver une stratégie qui allait m’aider à remettre de la joie dans MA vie et qui entrainerait mes deux p’tits hommes sur cette même route. Le défi 5-5 Comment mettre à profit mon expertise et faire en sorte de rétablir des liens, une complicité, une collaboration entre eux? En discutant avec eux, on a décidé de mettre en place un défi qu’on a nommé Le Défi 5-5. Mais qu’en est-il? Ce défi consiste à dire 5 choses agréables et réellement senties et de faire 5 choses pour rendre service ou faire plaisir à chacune des personnes qui embarque dans le défi. Pour bien saisir le défi, on a discuté ensemble de l’objectif. Nous avons déterminé que l’objectif était bel et bien de faire quelque chose pour vraiment faire plaisir à l’autre et non pas simplement de mettre un crochet « check !» pour avoir dit ou fait quelque chose. Pour qu’ils comprennent bien l’objectif, j’ai pris le temps de leur faire sentir la différence entre un « Merci! J’apprécie ce que tu as fait » lancé à la volée et ce même merci en prenant le temps de m’approcher d’eux, de les regarder avec tendresse et de les serrer contre moi. Sans surprise, ils ont préféré le deuxième. Ils ont compris et senti la différence entre les deux versions. Nous nous sommes alors entendus que le défi consistait donc à faire et dire 5 choses bien senties et non pas lancées en l’air juste pour faire un « check! ». J’y participe! Évidemment, je participe aussi à ce défi avec mes enfants. Étrangement, ça me fait un bien fou de m’arrêter et de prendre conscience des choses que j’apprécie chez mes enfants. Je prends le temps de venir vers eux, de les regarder dans les yeux, de les serrer contre moi et de leur dire simplement que j’apprécie le temps qu’ils ont mis à faire la vaisselle, que j’aime quand il dit des blagues rigolotes ou encore que je trouve agréable de l’entendre jouer du piano. Aussi, j’essaie de les surprendre à faire des choses que je sais qu’ils aiment. Une partie d’un jeu vidéo sur la PS4 que mon grand réclame depuis des lunes, aller chercher des trucs de bricolage pour le plus jeune. Les résultats Étonnamment, depuis quelques jours, ils sont plus complices que jamais. Je les entends se dire des choses agréables et se rendre service ou faire des surprises simplement pour le plaisir de faire plaisir. Je les entends rire ensemble, se dire « Je t’aime », s’offrir des privilèges, donner l’avantage à l’autre. C’est tout simple et ça a drastiquement changé l’ambiance! Et vous savez quoi? J’ai vraiment très hâte à notre « roadtrip »! Tout comme vous, je suis parent. Je suis mère de deux enfants. Bien que je sois coach parental et que je possède des connaissances sur le développement des enfants, des outils de discipline, des stratégies comportementales, il n'en demeure pas moins qu'à la base, je suis un être humain qui a ses hauts et ses bas, ses bonnes et mauvaises journées. Hier, j'ai pété ma coche! Je n'en pouvais plus. L'idée d'avoir la responsabilité de deux enfants que j'ai portés, que j'aime par-dessus tout et qui tout à coup étaient devenus deux petits monstres me répugnait. Mais qu'est-ce qui m'était passé par la tête! Pourquoi avoir fait deux enfants? Pourquoi est-ce si demandant! Puis-je avoir la paix? Non, bien sûr que non! Les "Maman!!! Bibou m'a frappé", suivi d'un "Outch, Kakou outch", les pleurs, les crises, les petites autos qui s'envolent, les portes qui se claquent se succédaient à moins de 5 minutes d'intervalle. J'avais perdu le contrôle. Mais quelle idiote étais-je pour penser que les enfants c'est du bonbon. Quelle insouciante étais-je pour croire que les miens ne seraient pas les petites tranches de bacon qui ondulent sur le plancher des grands magasins?! Retour à la réalité. La terre appelle Karine! Pour un instant, j'avais oublié leur nature propre. Ils sont des ENFANTS! Ces comportements ne sont pas étrangers à leur développement. Mon mandat de parent est de les accompagner du mieux possible à puiser dans leurs ressources pour trouver une alternative à leurs comportements que JE trouve (et qui suis-je pour l'affirmer dans l'absolu) inacceptables. Et si, en puisant dans leurs propres ressources, ils ne trouvent pas l'alternative, c'est MA responsabilité de bonifier leurs ressources. Bon, bien beau la théorie, mais en pratique, il n'en demeure pas moins que j'ai pété ma coche. Je me suis retrouvée au beau milieu du plancher de la salle de bain à pleurer comme la chantepleure qui venait d'inonder les carreaux avec l'aide de mes deux grenouilles. C'en était trop pour maman aujourd'hui. J'ai besoin d'air, j'ai besoin d'une pause. J'ai besoin de me ressaisir. Chacun dans sa chambre (moi y compris) et réclusion pour 5 min avant de faire une gaffe ou de dire des choses que je ne voudrais pas. Je suis contre l'isolement, mais tous les beaux principes et les belles théories ont également, tout comme les règles, un jour ou l'autre besoin d'être enfreintes pour la confirmer. Ouf! Je me suis ressaisie. Les enfants se sont calmés (un peu). On peut s'asseoir et faire le bilan de ce qui vient de se passer. Je leur explique comment j'ai vu les choses, ils me parlent de leur point de vue. On échange. Personne n'a raison ou tort. On essaie simplement de trouver une stratégie, ensemble, pour éviter que ça dégénère une prochaine fois. Bibou exprime que lorsqu'il dira qu'il est fâché comme un dinosaure, ça voudra dire de le laisser tranquille et de cesser de l'agacer. Kakou nous confie que s'il dit qu'il est babouneux, il vaut mieux lui « ficher la paix » et qu'il reviendra de lui-même quand il se sentira prêt. Pour ma part, je leur dis que quand je leur dirai que mon thermomètre va exploser dans un grand boum, je m'attends à ce qu'on me donne 5 minutes pause pour que je me ressaisisse. 5 minutes que je marquerai avec la minuterie du four. Journée à surligner dans les annales de la mère parfaite que je ne suis pas. À la tombée de la nuit, j'ai fait un retour sur notre journée. J'ai pris le temps de leur dire que j'étais désolée pour les durs moments que nous avions passés aujourd'hui. J'ai eu bien des occasions pour exploser. Occasions auxquelles j'ai mordu à pleines dents. Je me suis excusé auprès d'eux parce que c'est MA responsabilité, c'est MOI l'adulte et c'est MON mandat de les guider et j'ai failli. Je ne m'en veux pas, je reconnais ma responsabilité, je constate. Je suis humaine après tout. Kakou a souri et il a dit : "Maman, c'était une très bonne journée. Je t'aime maman." C'est vrai. C'était une excellente journée pour grandir, apprendre et partager. Le retour que m'a fait Kakou à propos de sa perception face à notre journée m'a rappelé à quel point il est important de prendre le temps de discuter, mais aussi combien mon attitude en tant que parent a son impact. Être authentique, honnête et transparent nous ramène, nous parents, à une dimension plus humaine aux yeux de nos chéris. Cette attitude nous permet de descendre du podium des Dieux et d'être pleinement des parents imparfaits fournissant, par la même occasion, l'opportunité à nos enfants d'être moins anxieux et moins dévalorisés et pleinement enfant imparfait aussi! Kakou avait alors 4 ans et Bibou, 2 ans. Suis-je la seule à péter ma coche? Dites-nous comment ça se passe chez vous... MàJ 2016 : Kakou a aujourd'hui 11 ans et Bibou, 9 ans. Il m'arrive encore de péter des coches, sauter les plomb, avoir une bulle qui me passe au cerveau. Appelez ça comme vous voulez. L'affaire c'est que je suis humaine, j'ai des émotions, je suis parfois fatiguée et je fais face à mes propres défis. Apprendre à gérer nos émotions, ça ne veut surtout pas dire de ne plus en avoir aucune. Ça veut simplement dire qu'on va en arriver à réduire l'intensité, la fréquence et la durée. Alors oui, je pète des coches mais elles ne sont pas très fréquentes ni très intenses et surtout, elles ne durent pas très longtemps.
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AuteureJe suis Karine Trudel et je suis coach parentale, conférencière et enseignante en développement de l'intelligence émotionnelle. |