Lors d’un coaching avec Maman F., je faisais avec elle le bilan de sa semaine. À bout de souffle, elle me disait qu’elle était épuisée d’avoir à répondre aux milliers de petits besoins de ses enfants âgés de 3 et 4 ans et demi. Elle me racontait à quel point elle se sentait submergée par des « Maman, je veux de l’eau. », « Maman, j’ai faim. », « Maman, je veux les crayons. », « Maman, je te parle. », « Maman, peux-tu mettre la robe à ma poupée. », « Maman, viens couvrir mes pieds! »Comme tout parent, elle sentait que c’était sa responsabilité de répondre à leurs besoins. Ce qui est vrai. Mais alors, sommes-nous condamnés à l’esclavage? Non! Distinguer besoins et désirsNous confondons souvent nos désirs et nos besoins. Cette tendance a souvent pour conséquence de nous faire réagir de façon disproportionnée et inadaptée. Nous avons tous besoin d’oxygène pour vivre. L’oxygène est un besoin vital, nécessaire, essentiel à la vie. Imaginez pendant un instant ce petit scénario : quelqu’un se glisse derrière vous et vous empêche de respirer en posant fermement les mains sur votre bouche et votre nez. Sentez-vous, tout à coup, l’anxiété vous gagner? Jusqu’où êtes-vous prêt à aller pour prendre une bouffée d’air? Je ne sais pas pour vous, mais moi, je serais prête à me battre jusqu’à la mort! Pourquoi? Parce que j’ai BESOIN d’oxygène pour vivre. Parce que cet oxygène est ESSENTIEL à ma vie. Plusieurs adultes n’ont pas appris à faire la différence entre un besoin et un désir. Ils traitent leurs désirs de la même façon qu’ils traitent leurs besoins. Ils sont prêts à se battre parfois jusqu’à la mort pour les combler. Ils se retrouvent alors inutilement envahis d’anxiété, de découragement voire même désespoir. Plusieurs de ces adultes devenus parents répondent inévitablement aux désirs de leurs enfants comme s’ils étaient des besoins. Avec Maman F., nous avons donc pris le temps de faire la différence entre les besoins et les désirs de ses enfants. Nous avons établi qu’un besoin est un élément essentiel à la vie, à la sécurité et au développement de l’individu alors qu’un désir constitue un élément qui allège le quotidien, contribue à réduire le malheur ou augmente le plaisir. Définir besoin et désirAu fil de la discussion, Maman F. en est venu à définir ses propres balises pour déterminer quels sont, selon elle, les besoins et les désirs de ses enfants. Elle a déterminé que les demandes mettant à risque le vie, la sécurité ou le développement de ses enfants appartenaient à la catégorie Besoins et qu’ils devaient, selon le niveau de risque, être répondus dans des délais raisonnables. Les autres demandes, de façon générale, se retrouvaient dans la catégorie Désirs. Ceux-ci pouvaient alors, selon ses propres critères et ses valeurs, être répondus immédiatement, plus tard ou pas du tout. Évidemment, elle leur expliquerait les raisons de sa réponse. Ceci étant établi, elle a tout à coup senti un peu plus de liberté d’action. Elle se sentait moins dans l’urgence de devoir répondre à tout. Cet exercice lui a permis de prioriser et choisir ses réponses et leur délai. Faire face à la tempêteComme je l’ai mentionné à Maman F., il est attendu que ses bouts de choux réagissent fortement à cette nouvelle position parentale. Comment pourrait-il en être autrement pour des enfants à qui nous disons non alors que nous leurs disions oui depuis toujours? Malgré les crises, il lui faudra garder en tête qu’apprendre à ses enfants à faire face à la frustration est quelque chose de formateur et bénéfique lorsque ces interventions sont faites avec respect, amour et ferme-bonté. Comment ça se passe chez-vous? Vous sentez-vous submergé par les multiples demandes de vos bouts de choux? Comment les gérez-vous et que vous dites-vous pour passer à travers la tempête?
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Récemment, sur le site de oserchanger.com, je suis tombée sur une entrevue avec Marie Bérubé, M.Ps, auteure du livre Être parent – Poser les bons gestes qui s’entretenait sur la performance, le stress et l’anxiété.Elle y soulève de nombreux points importants comme le fait que nos enfants sont très perméables au stress vécu par les parents. Je crois effectivement que nous avons à revoir nos occasions de stress et de les réduire au maximum afin d’éviter les répercussions physiques sur nous-mêmes et sur notre marmaille. Elle identifie aussi des situations de grand stress vécu par nos enfants :
Elle nous invite donc à un introspection sur la pression que nous mettons sur nos enfants pour leurs performances à l’école et dans les activités sportives ou artistiques afin d’éviter qu’ils vivent trop d’anxiété et qu’ils se rebellent ou qu’ils se gonflent de ressentiment. Marie Bérubé ajoute aussi que, les jeunes enfants n’ont pas les habiletés pour verbaliser leurs émotions, leur anxiété et leur stress. C’est donc dans leurs comportements que les enfants vont exprimer leurs problèmes. Nous y voyons là tout l’intérêt d’apprendre aux enfants à verbaliser et gérer leurs émotions. Évidemment, cet apprentissage n’est pas un billet pour les parents pour qu’ils mettre plus de pression sur leur progéniture mais bien pour l’aider à vivre une vie plus épanouie et équilibrée. Selon vous, est-ce que le développement de l’intelligence émotionnelle est un élément important dans la gestion du stress et de l’anxiété de votre enfant ?
Combien de fois avons-nous l’impression que nos enfants ont peur pour des riens, qu’ils exagèrent ou qu’ils font cela pour attirer l’attention? Il arrive même qu’on ait du mal à savoir s’ils ont peur pour vrai ou non. Qu’en est-il réellement? La première chose à considérer c’est que très peu d’enfants font semblant de vivre un malaise émotionnel. Il est possible que leur malaise ne soit pas lié directement à la peur et qu’ils le manifestent ainsi par manque de compréhension de leurs sensations internes ou par un manque de vocabulaire émotionnel. Bref, que ce soit la peur ou une autre émotion, il importe d’être à l’écoute du malaise qu’ils manifestent. Comprendre la peur La peur est une émotion primaire ressentie suite à un signal envoyé par le cerveau émotionnel qui commande la fuite ou l’attaque. Son cerveau sécrète entre autre de l’adrénaline ce qui augmente son rythme cardiaque et sa pression artérielle. Une fois le danger identifié et désamorcé, l’enfant se calme alors. Ceci étant, il ne peut pas y avoir de fausses peurs. L’enfant qui ressent la peur la ressent pour vrai! Son cerveau s’emballe Toutefois, il arrive parfois que, malgré que le danger soit désamorcé, l’enfant continue d’avoir peur. On parlera alors d’anxiété. Il s’agit d’une émotion seconde qui, elle, peut durer longuement dans le temps. Cette anxiété est causée par une interprétation erronée et déraisonnable du danger. C’est alors que nous pouvons intervenir et aider l’enfant à changer son interprétation, sa façon de voir l’objet de sa peur. Aider l’enfant avec ses peurs déraisonnables Il faut savoir que le cerveau de l’enfant atteint sa pleine maturité qu’à l’âge de 21 ans. Pendant toute cette période, il construit des connexions et en efface d’autres. Il est donc important de nourrir l’enfant d’un point de vue cognitif afin qu’il puisse construire des connexions qui l’aideront à faire face à ses peurs toute sa vie durant. En tant qu’adulte, nous savons qu’un humain se cache dans une mascotte et que les zombies sont des ados maquillés. Nous savons aussi que les monstres sous les lits sont le fruit d’une imagination fertile et que les loups n’entrent pas dans les maisons pour manger les petits enfants. Toutefois, pour un cerveau en développement, ces évidences n’en sont pas! Du moins, pas encore. Pour les aider, il est important d’être à l’écoute. Il faut éviter à tout prix d’ignorer, de ridiculiser ou de banaliser ses peurs. Ils ont peur pour vrai! Un parent aidant permettra à son enfant de verbaliser son interprétation du danger avec douceur et accueil. Il tentera de se mettre à la place de son enfant avec le bagage d’un enfant de son âge, avec l’expérience d’un enfant de son âge pour pouvoir mieux comprendre son point de vue. Il l’écoutera avec curiosité et intérêt en lui posant des questions pour mieux saisir sa perspective. Ce n’est que bien au fait de la conception de son enfant, que le parent pourra l’amener doucement à développer une nouvelle façon de voir ce qu’il percevait, a priori, comme un danger. Il se peut que ses interprétations initiales du danger resurgissent et produise à nouveau des peurs irrationnelles. C’est signe que la connexion entre ses idées face à ce danger était fortement ancrée. Avec patience, amour et douceur, le parent refera, encore et encore, la route de la connexion raisonnable afin d’augmenter les chances que, la prochaine fois, le cerveau de l’enfant empruntera cette route plutôt que la route de la peur.
Petite, pour me dissuader de mentir, ma mère m'a raconté tant de fois cette histoire de l'enfant qui criait au loup. Chaque fois, sa mère se précipitait pour sauver l'enfant du vilain loup. Un beau jour, sa mère ne l'a pas cru et il s'est fait manger. En plus d'être improbable, la métaphore était difficile à comprendre pour mon âge. Elle n'a donc eu aucun effet sur mes multiples mensonges puisque je n'avais jamais littéralement crié au loup. Or, lorsque j'ai eu à faire face aux mensonges de mon fils, j'ai plutôt opté pour l'histoire de Grand-père et son verger: Grand-père avait un verger magnifique avec des pommiers généreux. Chaque jour, il passait beaucoup de temps à s'y promener et prendre soin de ses arbres. Il aimait tant la nature. Ses arbres étaient très précieux pour lui. Souvent il avait amené ses petits enfants dans son verger pour jouer en leur rappelant de respecter ses arbres puisqu'il les aimaient beaucoup. Un jour, alors que ses 4 petits-enfants étaient en visite, il sortit pour les rejoindre et vit qu'une branche d'un de ses pommiers était cassée. Il a donc appelé ses 4 petits-enfants et leur dit : "Vous savez à quel point j'aime mes arbres. Vous savez à quel point je tiens à eux. Vous vous doutez surement que je suis triste de voir qu'un d'entre eux est brisé. Toutefois, je veux que vous sachiez que j'aime qu'on se respecte et j'aime la vérité et par-dessus tout, je vous aime beaucoup et profondément, et ce, malgré ce qui est arrivé. Je demande donc à celui qui a brisé la branche de venir me le dire pour qu'on puisse passer un moment ensemble pour guérir l'arbre." Le petit qui a cassé la branche s'est avancé vers son grand-père et lui dit : "C'est moi. Je suis désolé. Je veux t'aider à guérir ton arbre." Le grand-père prit le petit dans ses bras et lui dit : "Bravo! Il fallait beaucoup de courage pour me le dire. Je suis fier de toi. Je suis touché par ton honnêteté. Je t'aime!" Grand-père et son petit-fils passèrent donc l'après-midi ensemble à soigner l'arbre. Lorsque je l'ai raconté à mon grand, il a pleuré et s'est avancé vers moi pour me dire la vérité. Je l'ai donc remercié d'avoir été honnête. Je lui ai mentionné que ça prenait beaucoup de courage pour assumer ses gestes et que pour cela, il ne serait pas puni, mais qu'il devait réparer le mal qui avait été fait. Il s'est alors mis à trouver des solutions pour compenser. Depuis ce jour, je ne dis pas qu'il ne ment pas, mais lorsque je lui demande de dire la vérité (pour des choses d'importance), je sais que je peux croire ce qu'il me dit. Les enfants ont une imagination débordante qu'ils confondent parfois avec la réalité. D'autres fois, ils inventent des histoires pour se montrer intéressants et réduire le sentiment de dévalorisation qui les habite. Ne cherchez pas à tout prix la vérité. Laissez-leur une part de rêve et d'imagination lorsqu'ils inventent des histoires abracadabrantes. Toutefois, lorsque ces mensonges touchent la sécurité, la loyauté, la justice ou d'autres valeurs importantes dans votre famille, rappelez-leur l'histoire de grand-père et laissez-les mijoter. Vous serez surpris de constater leur réaction. Sur ce, bonne journée! Je vais prendre l'avion pour un p'tit voyage sur mars avec mon éléphant rose!
Un jour, une de mes clientes me confiait à quel point elle souffrait de voir son petit homme faire face à des difficultés de la vie. Elle faisait tout pour qu'il soit bien, heureux et épanoui. Elle le supportait, l'écoutait, l'accompagnait, répondait pour lui, trouvait des solutions à ses problèmes. Bref, elle se définissait comme une maman attentionnée, aimante et protectrice. Une histoire de Danie Beaulieu me revint à l'esprit... Le papillon* Un petit garçon voulait aider un papillon qui se défaisait difficilement de son cocon. Croyant lui rendre service, il le dégage délicatement de son enveloppe. Le papillon s’envole, franchit quelques mètres, mais tombe bientôt au sol, mort. Le père de l’enfant lui explique alors qu’on n’aide pas le papillon en facilitant sa libération. Il doit y parvenir de lui-même, renforçant ainsi les muscles de ses ailes qui lui permettront de voler par la suite. Elle réalisa alors à quel point, croyant aider son fils, elle lui nuisait. Elle avait tant voulu aider son fils! Lui donner de la confiance, de la détermination, de la persévérance, de l'audace même et chasser la timidité, la peur et la tristesse qui l'assaillaient. En discutant, elle prit conscience qu'au fond, le premier défi qu'elle aurait à relever était de se retourner vers elle-même pour faire face à ses propres peurs et ses appréhensions à propos de son fils. "Ouf! Quel défi!" me lança-t-elle. Effectivement, il n'est pas toujours simple de changer mais on ne peut pas changer ce qu'on ne reconnait pas. Avec cette maman, le premier pas (et le plus significatif) venait d'être franchi. Elle venait de reconnaître que le changement de son fils passait d'abord et avant tout par le changement de son interprétation et de ses émotions afin de pouvoir changer sa façon de faire avec fiston. Et vous? Vous arrive-t-il fréquemment de :
Voici quelques pistes de réflexion qui ont aidé cette maman (et plusieurs autres) à y voir plus clair afin de pouvoir amorcer un changement significatif dans la façon de faire et de voir les choses. Dans mon enfance...
Aujourd'hui...
Prenez le temps d’y réfléchir. Prenez le temps de répondre à ces questions par écrit. Surtout, à cet instant précis, ne croyez pas la petite voix intérieure qui vous dit que vous y reviendrez plus tard. Vous savez bien que plus tard, vous aurez oublié ce billet. Faites-le, maintenant. Vous pourrez alors déployez vos ailes pour voler encore plus haut!
Enfant, n'avez-vous pas déjà feint d'être malade pour rester à la maison? Moi, petite, j'avais pris un truc infaillible dans le film E.T. où le jeune Elliot colle son thermomètre sur une ampoule électrique pour faire grimper sa température. À 48 degrés Celsius de fièvre, ma mère m'a quand même envoyée à l'école ce matin-là.
Je me suis promis de trouver une meilleure astuce la prochaine fois. J'ai donc essayé le mal de ventre, le mal de tête et autres maladies impossible à vérifier. Mes nouvelles stratégies ont fonctionné si bien que, rendue adulte, elles me servaient encore lorsque j'ai occupé mes premiers emplois. En plus d'engendrer des frais à la société et à mes employeurs, ces excuses bidon m'ont aussi apporté un lot d'anxiété, de culpabilité et de dévalorisation. Moralement, je savais que ce n'était pas très honnête de ma part. Lorsque mon grand a commencé l'école primaire, il a soudain été pris d'un étrange malaise qui l'empêchait de bouger seulement lorsque j'étais dans la même pièce que lui. Je me suis alors promis que mes enfants n'entreraient pas dans ce cercle de mensonge et de feintes. Il y avait trop d'inconvénients pour les maigres bénéfices qu'ils en retireraient à court terme. Nous avons donc, mon amoureux et moi, convenu de la meilleure stratégie à prendre : les garçons auraient droit à des congés personnels en cours d'année scolaire. Voici donc les clauses de la convention familiale sur les congés personnels grandement inspirées par ce qui se passe dans le monde du travail.
Pendant sa journée de congé, il est libre de faire les activités qu'il veut pour se distraire et s'amuser. À contrario, pendant une journée maladie, il doit tout faire pour se remettre sur pied le plus rapidement possible. Cela implique que cette journée se passe au lit avec, pour seule distraction, un livre. Cette convention familiale sur les congés personnels permet à nos enfants d'expérimenter et constater plusieurs choses :
Je crois sincèrement que le fait de leur avoir laissé la liberté de choisir leur a permis de gagner en autonomie et développer leur sens de l'engagement et la responsabilité. Une douce soirée d'été, le parc se remplit de petits bouts d'choux et de parents. Les enfants jouent et glissent. D'autres construisent des châteaux de sable ou font des routes avec leurs camions sous l'oeil attentif et amusé de leurs parents.
Sur la balançoire, un gamin d'environ 4 ans crie à son père : « Pousse-moi! Allez, papa, pousse-moi! » Et pourtant, bien que papa soit posté dernière lui, le petit reste immobile sur la planche. Papa est absorbé au téléphone dans une conversation animée. L'enfant finit par descendre de la balançoire et tente d'attirer l'attention de papa. Rien n'y fait. Papa lui fait de gros yeux, il pose son doigt sur ses lèvres pour lui dire de se taire, il se retourne et s'éloigne de fiston. C'en est trop pour le petit. Il s'écroule par terre et fait une crise. Le père finit par finir son appel, s'approche de son fils et lui dit sèchement : « Tu ne vois pas que je suis au téléphone! Ça suffit, on rentre à la maison si tu n'es pas capable de comprendre ça. » Il le soulève par le bras et dans une crise épouvantable, ils quittent le parc. Hein? Quoi?! Comprendre quoi? Smartphones, des téléphones dits intelligents ? Huh! Sont-ils trop peu intelligents ces téléphones pour prendre les messages? Pourquoi ne pas avoir laissé ce téléphone à la maison? Pourquoi tout est devenu si immédiat, instantané? Ce papa avait sans doute ses raisons à lui de prendre cet appel. Plein de parents se donnent de bonnes raisons pour prendre les appels. C'est ennuyeux un parc avec des enfants. Hop! On zieute Facebook. C'est embêtant d'attendre dans une salle avec son bébé. Hop! On zieute le téléphone, on joue, on appelle. Ce qu'il y a de pire à mes yeux, ce n'est pas l'omniprésence de ce téléphone, mais bien la façon dont papa a traité son fiston. Pourquoi ne lui a-t-il pas simplement dit : « Oh! Je suis vraiment désolé mon garçon. J'avais un appel important, mais maintenant je suis tout à toi. Qu'as-tu envie de faire? » Curieusement, je scrutais la scène et observais la réaction des autres parents. J'ai souri en voyant un autre papa glisser la main dans sa poche, sortir son téléphone et l'éteindre. À défaut d'avoir permis à ce gamin de profiter d'un moment de qualité avec papa, ça aura permis à un autre enfant d'avoir un papa tout dispo. Allez, à Go! On raccroche et on se branche... sur nos enfants. Sans cela, une fois ados, ne leur reprochez pas d'avoir toujours le nez collé à leur portable en leur disant que votre relation en souffre. Tout comme vous, je suis parent. Je suis mère de deux enfants. Bien que je sois coach parental et que je possède des connaissances sur le développement des enfants, des outils de discipline, des stratégies comportementales, il n'en demeure pas moins qu'à la base, je suis un être humain qui a ses hauts et ses bas, ses bonnes et mauvaises journées. Hier, j'ai pété ma coche! Je n'en pouvais plus. L'idée d'avoir la responsabilité de deux enfants que j'ai portés, que j'aime par-dessus tout et qui tout à coup étaient devenus deux petits monstres me répugnait. Mais qu'est-ce qui m'était passé par la tête! Pourquoi avoir fait deux enfants? Pourquoi est-ce si demandant! Puis-je avoir la paix? Non, bien sûr que non! Les "Maman!!! Bibou m'a frappé", suivi d'un "Outch, Kakou outch", les pleurs, les crises, les petites autos qui s'envolent, les portes qui se claquent se succédaient à moins de 5 minutes d'intervalle. J'avais perdu le contrôle. Mais quelle idiote étais-je pour penser que les enfants c'est du bonbon. Quelle insouciante étais-je pour croire que les miens ne seraient pas les petites tranches de bacon qui ondulent sur le plancher des grands magasins?! Retour à la réalité. La terre appelle Karine! Pour un instant, j'avais oublié leur nature propre. Ils sont des ENFANTS! Ces comportements ne sont pas étrangers à leur développement. Mon mandat de parent est de les accompagner du mieux possible à puiser dans leurs ressources pour trouver une alternative à leurs comportements que JE trouve (et qui suis-je pour l'affirmer dans l'absolu) inacceptables. Et si, en puisant dans leurs propres ressources, ils ne trouvent pas l'alternative, c'est MA responsabilité de bonifier leurs ressources. Bon, bien beau la théorie, mais en pratique, il n'en demeure pas moins que j'ai pété ma coche. Je me suis retrouvée au beau milieu du plancher de la salle de bain à pleurer comme la chantepleure qui venait d'inonder les carreaux avec l'aide de mes deux grenouilles. C'en était trop pour maman aujourd'hui. J'ai besoin d'air, j'ai besoin d'une pause. J'ai besoin de me ressaisir. Chacun dans sa chambre (moi y compris) et réclusion pour 5 min avant de faire une gaffe ou de dire des choses que je ne voudrais pas. Je suis contre l'isolement, mais tous les beaux principes et les belles théories ont également, tout comme les règles, un jour ou l'autre besoin d'être enfreintes pour la confirmer. Ouf! Je me suis ressaisie. Les enfants se sont calmés (un peu). On peut s'asseoir et faire le bilan de ce qui vient de se passer. Je leur explique comment j'ai vu les choses, ils me parlent de leur point de vue. On échange. Personne n'a raison ou tort. On essaie simplement de trouver une stratégie, ensemble, pour éviter que ça dégénère une prochaine fois. Bibou exprime que lorsqu'il dira qu'il est fâché comme un dinosaure, ça voudra dire de le laisser tranquille et de cesser de l'agacer. Kakou nous confie que s'il dit qu'il est babouneux, il vaut mieux lui « ficher la paix » et qu'il reviendra de lui-même quand il se sentira prêt. Pour ma part, je leur dis que quand je leur dirai que mon thermomètre va exploser dans un grand boum, je m'attends à ce qu'on me donne 5 minutes pause pour que je me ressaisisse. 5 minutes que je marquerai avec la minuterie du four. Journée à surligner dans les annales de la mère parfaite que je ne suis pas. À la tombée de la nuit, j'ai fait un retour sur notre journée. J'ai pris le temps de leur dire que j'étais désolée pour les durs moments que nous avions passés aujourd'hui. J'ai eu bien des occasions pour exploser. Occasions auxquelles j'ai mordu à pleines dents. Je me suis excusé auprès d'eux parce que c'est MA responsabilité, c'est MOI l'adulte et c'est MON mandat de les guider et j'ai failli. Je ne m'en veux pas, je reconnais ma responsabilité, je constate. Je suis humaine après tout. Kakou a souri et il a dit : "Maman, c'était une très bonne journée. Je t'aime maman." C'est vrai. C'était une excellente journée pour grandir, apprendre et partager. Le retour que m'a fait Kakou à propos de sa perception face à notre journée m'a rappelé à quel point il est important de prendre le temps de discuter, mais aussi combien mon attitude en tant que parent a son impact. Être authentique, honnête et transparent nous ramène, nous parents, à une dimension plus humaine aux yeux de nos chéris. Cette attitude nous permet de descendre du podium des Dieux et d'être pleinement des parents imparfaits fournissant, par la même occasion, l'opportunité à nos enfants d'être moins anxieux et moins dévalorisés et pleinement enfant imparfait aussi! Kakou avait alors 4 ans et Bibou, 2 ans. Suis-je la seule à péter ma coche? Dites-nous comment ça se passe chez vous... MàJ 2016 : Kakou a aujourd'hui 11 ans et Bibou, 9 ans. Il m'arrive encore de péter des coches, sauter les plomb, avoir une bulle qui me passe au cerveau. Appelez ça comme vous voulez. L'affaire c'est que je suis humaine, j'ai des émotions, je suis parfois fatiguée et je fais face à mes propres défis. Apprendre à gérer nos émotions, ça ne veut surtout pas dire de ne plus en avoir aucune. Ça veut simplement dire qu'on va en arriver à réduire l'intensité, la fréquence et la durée. Alors oui, je pète des coches mais elles ne sont pas très fréquentes ni très intenses et surtout, elles ne durent pas très longtemps.
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AuteureJe suis Karine Trudel et je suis coach parentale, conférencière et enseignante en développement de l'intelligence émotionnelle. |