Quand j’ai vu cette magnifique photo partagée par une amie où une proie recueille la progéniture à bout de force d’un de ses prédateurs pour le conduire jusqu’à un plan d’eau pour lui sauver la vie, comme les 29 mille personnes à avoir aimé la photo, mon coeur de mère s’est attendri, mes épaules se sont relâchées et j’ai émis un petit “Onnnnnn, c’est donc bien beau!”. À priori, n’avez-vous pas eu, vous aussi, ce petit instant d’attendrissement?
Il ne m’a fallu que quelques secondes pour faire une courte recherche sur le web et découvrir que cette photo est un “fake”. À l’origine, c’est un poisson d’avril initié par une compagnie qui offre des services connexes au parc national Kruger en Afrique du Sud. Ils ont attrapé plus de 20 millions de poissons dans leur filet bien tissé. Oh! Combien d’autres après la sortie de cet article qui relate la fausse nouvelle se sont fait prendre malgré la dénonciation? À cette question, je peux affirmer, au vu des statistiques de la photo en entête qu’en moins de 3 jours, c’était 29 000 autres personnes qui s’étaient fait prendre avec la republication. Combien d’autres republications ont eu lieu depuis la publication originale? Le compteur tourne. Mais, c’est une jolie photo, me direz-vous. C’est inoffensif de partager une telle photo, non? Eh bien, non. Ce n’est pas inoffensif du tout parce que si on s'attendrit avec des fausses photos, on se révolte, on s’inquiète ou on se déprime avec d’autres photos tout aussi fausses. Donner la chance au coureur Comme plusieurs parents d’aujourd’hui, j’ai été élevée avec ce principe : “Faire confiance jusqu’à preuve du contraire”. C’était à l’époque où les téléphones étaient visés au mur et qu’on trouvait toujours le combiné au bout d’un fil. Cette époque où les photos modifiées étaient rares, les rencontres se faisaient en personne et les sources d’informations étaient les journaux officiels et les téléjournaux. Les temps ont bien changé depuis. On n’a qu’à penser à Trump et les “fake news”, les télé-réalités, les “journaux” internet qui publient n’importe quoi, l’omniprésence d’égoportraits filtrés, de photos mises en scène ou détournée pour soutenir une cause. De nos jours, en un clic, on a accès à des logiciels de montage et de modifications de photos gratuitement sur le web, on peut chercher l’amour sur Internet et on s’informe sur des “fils d’actualités” qui n’en sont pas. Mon enfant, critique, tu seras Avec la venue de cette nouvelle ère technologique, il est de notre devoir de modifier notre façon d’éduquer nos enfants. Nous devons impérativement passer du mantra “Faire confiance jusqu’à preuve du contraire” à un mantra plus sécuritaire : “Observer, questionner avant de faire confiance”. L’objectif n’étant pas de devenir des êtres méfiants de l’autre, mais bien de développer l’esprit critique pour éviter d’être naïf et se laisser remplir de toutes ces fausses informations qui, disons-le, contribuent à construire notre vision du monde. La vérité
Aussi vraisemblable une photo, un article, un produit puisse paraître, il est essentiel de développer notre “esprit journalistique” en apprenant à vérifier à la source ces informations puisque, chacun de ces créateurs et ceux qui partagent l’information le font dans le but de servir leur propre perspective et mettre en lumière ce qu’ils veulent bien laisser voir ou faire croire.
Quand je m’adresse à des membres de ma communauté virtuelle, je me rends compte que la plupart des parents sont partiellement conscients de l’ampleur de ces “fausses” informations, mais plus encore ne savent tout simplement pas comment s’y prendre pour vérifier ces informations et donc, par conséquent, ils ne savent pas comment s’y prendre pour induire cet esprit critique à leurs enfants. Par où commencer ? Pour aider nos enfants à développer leur esprit critique, il est primordial que nos enfants comprennent que même si une information accrédite mon opinion, mon désir, mon choix ou qu’elle apaise mon angoisse, elle n’est pas pour autant vraie et juste. On pourra alors définir avec eux ce qu’est une source fiable. Une source fiable n’est pas “mon ami m’a dit que…” ou “j’ai vu sur Internet…” Pour vérifier l’authenticité des images, on peut utiliser Google image Pour les histoires vraisemblables, on peut valider sur HoaxBuster Ensuite, on peut penser leur apprendre à développer une attitude journalistique : s’assurer de corroborer l’information auprès de plus d’une source fiable. Pour le faire, il suffit de faire une recherche sur Google et s’assurer qu’elle est partagée par des médias d’information reconnus. Mais tout ne se vérifie pas C’est vrai qu’on ne peut pas tout vérifier, tout valider. Dans ces cas-là, je recommande qu’on garde l’information dans un tiroir à part dans notre cerveau, qu’on la tag “information non validée” et que nous continuons de garder l’esprit ouvert sachant que toute nouvelle information à ce sujet peut faire basculer la balance du côté vrai comme du côté faux. D’ici à ce que l’information ait trouvé sa place, on ne se positionne ni en faveur ni contre. On observe et on questionne. Et vous, parents, vous sauriez dire? J’ai déniché pour vous ce petit test pour mesurer votre capacité à reconnaître des photos retouchées dans un lot de photos. Exercez-vous. Faites passer le test à vos enfants. Vous avez là une belle occasion d’initier le sujet avec votre tribu. Pour d’autres contenus, des conseils d’experts et toute une communauté de parents entraidants, rejoignez le groupe www.facebook.com/groups/ParentsABoutDeSouffle
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AuteureJe suis Karine Trudel et je suis coach parentale, conférencière et enseignante en développement de l'intelligence émotionnelle. |